Mercredi 7 juin 2006, 16h32 Fortes indemnités pour trois anciens otages de Jolo PARIS (Reuters) - Le voyagiste Ultra Marina et son assureur AXA ont été condamnés à verser plus d'un million d'euros d'indemnités à trois touristes français retenus en otages durant plusieurs mois en 2000 par des islamistes sur l'île philippine de Jolo, apprend-on de source judiciaire. Le tribunal de Paris a ordonné aux deux sociétés de payer solidairement 350.000 euros à Stéphane Loisy, 300.000 euros à Sonia Wendling et 375.000 à Marie Moarbes, ainsi que 8.000 euros à chacune de ces trois personnes au titre des frais de procédure. Le jugement est une première dans ce type d'affaires. Les sociétés devront aussi payer 128.137 euros au Fonds de garantie d'indemnisation des victimes des actes de terrorisme, au titre du remboursement de sommes déjà versées aux plaignants. Partis pour un séjour de plongée sous-marine sur l'île de Pulai Sibadan, en Malaisie, les trois plaignants avaient été enlevés avec une vingtaine d'autres personnes le 21 avril 2000 dans leur hôtel par le groupe islamiste Abbu Sayyaf et emmenés en captivité sur l'île de Jolo. Après une détention dans des conditions précaires et le vol de divers biens personnels, les deux femmes ont été libérées le 27 août 2000 et Stéphane Loisy le 9 septembre, après des négociations internationales où des rumeurs de versement de rançon, jamais confirmées, ont circulé. Le tribunal de Paris estime que le voyagiste n'a pas assez pris en compte le danger. "Utra Marina, spécialiste de l'organisation de séjours de plongée dans cette partie du monde, se devait de connaître et d'évaluer exactement la dangerosité de la situation qui y régnait", dit le jugement. "Il lui appartenait de prendre en considération l'attrait financier que représentait pour les pirates l'arrivée sur l'île de Sipadan de touristes étrangers et le risque que ceux-ci encouraient", ajoute-t-il. Ultra Marina niait toute faute en expliquant que l'événement était imprévisible et que le ministère des Affaires étrangères français n'avait pas lancé d'avertissement. La société pourrait faire appel du jugement mais devra d'abord verser les sommes demandées, le tribunal ayant ordonné l'exécution provisoire.