L'histoire du phare de La Jument faillit être tragique.
Il fut construit grâce à un legs testamentaire de M. Charles-Eugène Potron, en date du 9 janvier 1904: "400000 francs pour l'érection d'un phare bâti en matériaux de choix, pourvu d'appareils d'éclairage perfectionnés. Ce phare s'élèvera sur le roc, dans un des parages les plus dangereux du littoral de l'Atlantique, comme ceux de l'ile d'Ouessant. La désignation sera celle de la localité. On gravera sur le granit: Phare construit en vertu d'un legs de Charles-Eugène Potron, membre de la Société de Geographie de Paris". Mais une clause étrange spécifiait que le phare devait être construit dans un délai de 7 ans: "Au cas où la construction du phare ne serait pas terminée dans un délai de sept années, mon legs deviendrait nul et il devrait être reversé à la Société centrale des Naufragés". En vertu de cette clause, la construction fut accélérée, si bien que dès qu'il fut mis en service, le phare bâti sur un rocher en pleine mer faillit être emporté par une violente tempête, et les 5 hommes présents (Monteur Barthelmé, gardiens Coatmeur, Masson et Gall, plus un cuisinier) , fous de terreur, sentant la tour trembler et vibrer, crurent leur dernière heure arrivée.
Heureusement il n'en fut rien, mais ceci nécessita le renforcement de la tour par la mise en place d'énormes câbles, faisant de la terrible Jument une sorte de vaisseau de pierre ancré au fond de l'Atlantique .Le budget laissé par le généreux mécène, collectionneur de papillons à ses heures, fut naturellement largement dépassé, mais qu'il soit ici rendu honneur à cet homme dont l'histoire a oublié le nom, et à qui pourtant, tant de marins ont probablement dû la vie... | par Solaris |